Loin des clichés et des préjugés, le Jiu-jitsu est un art martial riche et complexe, dont les origines remontent à plusieurs siècles.
À la fois discipline physique et mentale, il a su s’adapter aux évolutions de la société et séduire un public toujours plus vaste.
Nous vous proposons de partir à la découverte du Jiu-jitsu, de sa naissance au Japon féodal jusqu’à son incarnation moderne dans les compétitions internationales.
Entre histoire, techniques et philosophie, plongez dans l’univers passionnant de cet art martial ancestral qui a conquis le monde.
Des origines lointaines et mystérieuses
Le Jiu-jitsu est un art martial dont l’histoire est intimement liée à celle du Japon.
D’après les recherches historiques, les premières traces de pratiques martiales ressemblant au Jiu-jitsu remontent à l’époque des samouraïs, ces guerriers d’élite qui dominaient la société japonaise du XIIe au XIXe siècle. Les samouraïs étaient soumis à un entraînement rigoureux et devaient maîtriser un grand nombre de techniques de combat, aussi bien à main nue qu’avec des armes. Parmi ces techniques, on retrouve celles qui sont aujourd’hui au cœur du Jiu-jitsu, comme les projections, les immobilisations et les strangulations.
Cependant, l’origine précise du Jiu-jitsu reste sujette à débat parmi les spécialistes. Certains estiment que cet art martial remonte à l’époque de l’Empire chinois, voire à l’Inde ancienne, tandis que d’autres pensent qu’il est une création purement japonaise. Quoi qu’il en soit, le Jiu-jitsu est indissociable de la culture nippone et de son histoire guerrière.
Un art martial aux multiples facettes
Le Jiu-jitsu est un art martial extrêmement complet et diversifié, qui se caractérise par un large éventail de techniques.
- Les projections : elles consistent à déséquilibrer l’adversaire et à le projeter au sol, en utilisant la force et le mouvement de son propre corps. Parmi les projections les plus connues, on peut citer le « harai goshi » (balayage de hanche) ou le « tai otoshi » (renversement sur le côté).
- Les immobilisations : elles visent à contrôler et maintenir l’adversaire au sol, en neutralisant sa capacité à se déplacer ou à attaquer. Les immobilisations peuvent être réalisées avec les bras, les jambes ou le corps, et s’appuient souvent sur des techniques de pression et de contrôle de la respiration.
- Les strangulations : elles ont pour but de couper la circulation sanguine et l’apport d’oxygène au cerveau de l’adversaire, en comprimant les artères carotides ou la trachée. Les strangulations peuvent être effectuées avec les mains, les avant-bras, les jambes ou à l’aide d’un vêtement comme le « keikogi » (kimono de Jiu-jitsu).
- Les clés articulaires : elles consistent à exercer une pression ou une torsion sur une articulation de l’adversaire, de manière à provoquer une douleur intense et, dans certains cas, une rupture des ligaments ou des tendons. Les clés articulaires peuvent être appliquées sur les doigts, les poignets, les coudes, les épaules, les genoux ou les chevilles.
Ces différentes techniques sont enseignées et pratiquées dans le cadre de « kata » (formes) et de « randori » (sparring), qui permettent aux élèves de développer leur maîtrise du Jiu-jitsu et de se préparer aux situations de combat réel.
Le Jiu-jitsu, une école de la vie
Au-delà de l’aspect purement martial, le Jiu-jitsu véhicule un ensemble de valeurs et de principes philosophiques qui en font une véritable école de la vie.
Le respect de l’adversaire, la maîtrise de soi et l’humilité sont des qualités essentielles pour tout pratiquant de Jiu-jitsu. En effet, cet art martial enseigne que la véritable force ne réside pas dans la violence ou la brutalité, mais dans la capacité à utiliser l’énergie et l’intelligence pour surmonter les obstacles et les difficultés. La recherche de l’efficacité maximale avec un minimum d’effort est au cœur de la philosophie du Jiu-jitsu, et se retrouve dans le concept de « ju » (souplesse, adaptabilité), qui donne son nom à cet art martial.
Le Jiu-jitsu est considéré comme un outil de développement personnel et de transformation intérieure. La pratique régulière de cet art martial permet de renforcer le corps, d’affûter l’esprit et d’acquérir une meilleure connaissance de soi. Les défis et les épreuves que rencontrent les élèves sur leur chemin les amènent à puiser dans leurs ressources, à repousser leurs limites et à grandir en tant qu’individus.
Le Jiu-jitsu brésilien, une évolution majeure
Le Jiu-jitsu a connu un tournant décisif au début du XXe siècle, avec l’arrivée de la famille Gracie au Brésil.
En 1914, le maître japonais Mitsuyo Maeda, surnommé « Conde Koma », s’installe à Belém, au nord du Brésil, où il enseigne le Jiu-jitsu à Carlos Gracie et à ses frères. Fasciné par cet art martial, Carlos Gracie décide de promouvoir le Jiu-jitsu au Brésil et de l’adapter aux besoins spécifiques de la société brésilienne. Il fonde la première école de Jiu-jitsu brésilien en 1925, et transmet son savoir à ses frères et à ses fils, qui deviendront à leur tour de grands champions et de célèbres maîtres de Jiu-jitsu.
Le Jiu-jitsu brésilien se distingue du Jiu-jitsu traditionnel japonais par un accent particulier mis sur le travail au sol et les techniques de soumission. Cette spécificité est en grande partie due à l’influence des frères Gracie, qui étaient convaincus que la maîtrise du sol était la clé pour vaincre des adversaires plus grands et plus forts. En développant des techniques innovantes et en privilégiant l’efficacité, ils ont réussi à créer un style de Jiu-jitsu unique et redoutable, qui a conquis le monde entier.
Aujourd’hui, le Jiu-jitsu brésilien est l’une des disciplines les plus populaires et les plus pratiquées dans le domaine des arts martiaux. Il est notamment à la base de nombreuses compétitions internationales, comme l’ADCC (Abu Dhabi Combat Club) ou les championnats du monde de Jiu-jitsu brésilien organisés par l’IBJJF (International Brazilian Jiu-Jitsu Federation).
L’essor du Jiu-jitsu dans le monde du sport et des médias
Le Jiu-jitsu, sous toutes ses formes, a connu un véritable essor depuis les années 1990, notamment grâce à son intégration dans les compétitions de sports de combat et sa médiatisation.
Le Jiu-jitsu brésilien, en particulier, a gagné en notoriété avec l’organisation du premier Ultimate Fighting Championship (UFC) en 1993. Cet événement, qui réunissait des combattants de différentes disciplines, a été largement dominé par Royce Gracie, le fils de Hélio Gracie, qui a remporté trois des quatre premiers tournois grâce à sa maîtrise du Jiu-jitsu brésilien. Ce succès a mis en lumière l’efficacité de cet art martial et a contribué à son expansion à travers le monde.
De nos jours, le Jiu-jitsu est devenu un élément incontournable des compétitions de MMA (Mixed Martial Arts), où il est souvent associé à d’autres disciplines comme la boxe, le judo ou la lutte. Les combattants de Jiu-jitsu, tels que Demian Maia, Fabricio Werdum ou Ronaldo « Jacaré » Souza, comptent parmi les meilleurs athlètes de MMA et font la fierté de cette discipline ancestrale.
Par ailleurs, le Jiu-jitsu a bénéficié de l’engouement suscité par les films d’arts martiaux et les séries télévisées, qui ont contribué à populariser cet art martial auprès du grand public et à attirer de nouveaux pratiquants. Des acteurs comme Keanu Reeves, pour son rôle dans la saga « John Wick », ou Charlize Theron, dans « Atomic Blonde », ont suivi des entraînements intensifs de Jiu-jitsu pour préparer leurs rôles, témoignant ainsi de l’importance et de l’attrait de cette discipline.
Le Jiu-jitsu est un art martial fascinant et en perpétuelle évolution, qui a su traverser les siècles et les frontières pour s’imposer comme l’une des disciplines les plus pratiquées et les plus respectées. De ses racines japonaises à son essor international, en passant par sa transformation au Brésil, le Jiu-jitsu témoigne d’une histoire riche et d’un héritage précieux, qui continuent d’inspirer des millions de personnes à travers le monde. Plus qu’un simple sport, le Jiu-jitsu est une véritable école de la vie, qui nous apprend à affronter les défis avec courage, détermination et humilité, et à toujours chercher à améliorer notre technique, notre esprit et notre âme.